La vie à travers un objectif

Et si vous aviez le pouvoir de tout transformer en vous et autour de vous ? Comme si vous aviez un logiciel de retouche photo – mais pour la vraie vie ?

En réalité, c’est déjà le cas. Nous utilisons tous un logiciel photo pour nous adapter à la réalité : ce sont nos mécanismes de protection. Dans une certaine mesure, ils nous aident à nous ajuster à la réalité, à l’accepter et à l’assimiler. Mais si nous les utilisons excessivement, de façon permanente et
figée, ils deviennent limitants.

Les logiciels photo – Photosphop, Lightroom, etc. – sont formidables. D’une même image, ils peuvent en produire d’autres à l’infini, transformant une deuxième fois le regard du photographe. D’un clic, l’image est plus nette ou floue, lumineuse ou sombre, colorée ou noir et blanc. On supprime des
éléments dérangeants, on en met en valeur d’autres, on rend le laid beau, ou l’inverse.

Et si nous faisions le parallèle avec la manière dont nous décidons inconsciemment de nous représenter le monde ?
– Qu’est-ce que je choisis de regarder et voir, ou pas ?
– Qu’est-ce que je vois dans ce que vois ?
– Qu’est-ce que je transforme ? Jusqu’à quel point ?
La réponse à ces questions renseigne sur les mécanismes psychologiques d’adaptation auxquels nous avons recours sans le savoir :
– Le déni : « je refuse de voir certaines choses. »
– Le clivage : « je ne vois que le bon ou que le mauvais. Je refuse de considérer qu’il y a forcément les deux en tout. »
– La projection « je vois l’extérieur en y projetant mon intérieur et donne un sens unique à des perceptions dont la signification est complexe et multiple. »

Cela renvoie en partie au besoin de confirmer nos croyances en ne percevant que ce qui va dans leur sens. Nous avons une forte tendance à vouloir rester dans du connu même si celui-ci nous fait du mal. Comme avec un logiciel, on configure, le premier plan, soi, tout comme l’arrière-plan, l’environnement.

Appliqué à soi, cela nous pousse à développer un faux self, sur-adapté. Le recours excessif à ces « techniques » bloque notre développement. Nous ne pouvons pas être totalement acteurs de notre vie car les postulats sur lesquels nous nous appuyons sont décalés avec la réalité, elle-même complexe. En maintenant les mêmes représentations de soi, et de ce qui nous environne, nous faisons en sorte de reproduire encore et encore les mêmes situations et schémas relationnels.

Et pour prendre du recul vis à vis de nos propres retouches il faut en passer comme souvent par une prise de conscience.

Quelle place faites-vous ou beau et au laid – le votre, celui des autres, du monde ? Quelle place êtes-vous prêt à donner à l’authentique, au spontané ? Dans quelle mesure avez-vous développé un moi de surface pour être aimé, accepté, valorisé ? Qu’avez mis en arrière-plan de vos émotions, de ce que vous êtes, de vos aspirations profondes ?


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