Demain, j’arrête de procrastiner!

A des degrés divers nous sommes tous concernés par la procrastination.
Elle se définit par un tendance à remettre au lendemain et elle n’a rien de pathologique.
La procrastination est rarement ce qui motive la consultation d’un psychothérapeute ou d’un coach. En général, elle prend sa place au sein d’un ensemble de difficultés ressenties comme handicapantes pour avancer dans la vie. A travers elle, s’expriment des croyances sur soi et les autres, des freins, des peurs à identifier et à traiter.

La procrastination peut devenir un motif prioritaire de consultation :

  • quand on constate que trop souvent après avoir décidé de faire quelque chose, on reporte, de façon préjudiciable et ce, bien que l’action à mener n’ait pas un coût psychologique ou physique déraisonnable ;
  • quand elle engendre une souffrance et a des conséquences négatives sur soi et/ou les autres.

Procrastination et anxiété

La principale cause de la procrastination est l’anxiété. Ne pas faire, reporter, est un moyen d’éviter de ressentir la peur ou le malaise liées à l’action à mener. Il s’agit d’une stratégie d’évitement. Cependant, ce mécanisme ne fait que renforcer l’anxiété qui peut s’accompagner alors de culpabilité et de perte d’estime de soi.

Que refusons nous d’affronter en procrastinant ?

Les peurs

Face à la peur, diverses stratégies sont possibles : l’affronter, s’immobiliser ou fuir. La procrastination est un moyen de la contourner. C’est une forme de fuite, d’immobilisme et d’évitement.

L’objet de cette peur est varié :

  • La peur de l’échec
  • La peur de ne pas être à la hauteur
  • La peur de l’inconnu, l’incertitude (voir article sur la peur du changement)
  • La peur du succès : étrangement, même la réussite peut susciter la peur. Il peut être difficile d’être le meilleur, ou d’être dans la lumière, au risque de susciter toujours plus d’attentes auxquelles on ne se sent pas à même de répondre
  • La peur de se confronter à la réalité. En évitant l’action, on évite aussi son résultat et parfois le risque de ne pas être aussi satisfait qu’on aurait pu l’espérer. Ne pas faire permet de rester dans le potentiel plutôt que d’affronter le réel.
  • La peur du jugement. Le procrastinateur préfère qu’on lui reproche de ne pas avoir fait plutot que d’être jugé pour ce qu’il aurait fait. De plus, cela lui permet de pouvoir juger ceux qui font sans s’être engagé lui même.

Son imperfection

Le perfectionnisme cache une faille au niveau de l’estime de soi. « J’exige de moi la perfection pour me prouver que j’ai de la valeur ». Or, comme cela est impossible,
– soit je ne fais pas et cela me permet de ne pas me décevoir « en apparence ».
– soit, m’étant fixé un objectif de perfection inatteignable, je me confirme dans l’image négative que j’ai de moi : « je ne suis pas à la hauteur ».

Au cours de notre développement, nous construisons des représentations sur nous et les autres. Nous portons comme des étiquettes sur notre front. Même si celles ci sont fausses, obsolètes, limitantes, nous tendons mécaniquement à vouloir les conserver et les confirmer. Pour cela nous cherchons des preuves et nous en trouvons toujours, ou bien nous créons des situations qui les confirment. Notre instinct de conservation amène une forme de rigidité dans nos comportements et modes de pensées.

Les contraintes et frustration

La procrastination peut être une rébellion ou un refus de la frustration.
Ne pas faire est une façon de s’opposer, de se rebeller face aux exigences, aux contraintes imposées par le quotidien, le travail, la vie ou l’autorité.
Elle peut aussi exprimer le refus de la frustration de devoir faire quelque chose de rébarbatif au dépend d’une action facile et ludique, au résultat immédiat.

Les procrastinateurs, chercheurs de sensations fortes.

Ces personnes peuvent avoir confiance en elle et croient qu’elles «fonctionnent mieux sous pression».
En réalité, elles aiment tout simplement le frisson ressenti en s’agitant à la dernière minute pour faire avancer les choses. Il y a un recherche d’intensité à travers l’urgence.

Les idées reçues

• Le procrastinateur est-il paresseux ?
Celui ou celle qui procrastine est souvent engagé dans plusieurs actions mais pas l’action essentielle. Il n’est pas paresseux, parfois même plutôt actif et bien organisé. Le procrastinateur fait (consciemment ou non) le choix d’une action au détriment d’une autre.

• Le procrastinateur est-il « je m’en foutiste »?
Il peut se donner un air détaché pour cacher son appréhension et son anxiété.

• La procrastination se résume-t-elle à une question de gestion du temps ?
En effet le procrastinateur a tendance à sous estimer le temps nécessaire à la réalisation d’une tache : déni ou optimisme ? Mais le problème est bien plus complexe que ca. Il ne suffit pas d’organiser différemment son agenda pour les taches soient effectuées.

Apport du psychothérapeute et du coach

Un accompagnement peut aider à se poser les bonnes questions.

Quelque soit le comportement que l’on adopte, nous en tirons un bénéfice. Ce bénéfice n’est pas forcement positif mais il est comme nécessaire.

La première question à se poser est donc :
En quoi est-ce nécessaire pour moi de procrastiner ? Qu’est-ce que j’y gagne ?
Les réponses sont variées. En les identifiant, il est alors possible de travailler sur l’estime de soi, la peur de l’échec ou la recherche d’excitation…

La deuxième question est :
« Au fond qu’est ce qui est essentiel pour moi ». « Qu’est-ce que je veux vraiment » « A quoi suis-je prêt pour l’obtenir ? »
Ex : Je retarde ma recherche d’un nouvel emploi. Pourquoi ? Est-ce parce que j’ai peur ? Est-ce parce que le problème n’est pas dans le travail mais ailleurs dans ma vie ? Quel est le conflit à l’intérieur de moi : à quoi je renonce en changeant de travail : la sécurité, le connu, la reconnaissance sociale ? »

Une troisième question est :
« De quoi ai-je besoin pour être le plus en cohérence avec moi ? ». Qu’est-ce que j’attends de moi non pas pour être parfait mais pour être en accord avec celui que je tends à être, en permanente évolution »

Un accompagnement pour travailler sur ses croyances

Certaines croyances sont limitantes et doivent être questionnées. Par exemple :
« J’attends le moment idéal pour agir » ou « J’attends d’être totalement prêt »
Certaines actions incluent une prise de risque et nécessitent d’oser. Le moment parfait n’existe pas tout comme la certitude totale.

« Si je fais le mauvais choix, ce sera une catastrophe »
Contrairement à l’impression que l’on peut avoir, peu de choses sont irréversibles.
Passer à l’acte libère même quand on rate. Bien souvent, il est plus satisfaisant d’agir et se tromper car on apprend et tente la nouveauté que de n’avoir rien fait et se sentir limité.

« Si j’agis il faut que je puisse mener l’action de bout en bout, avec la certitude que ce sera parfait »
Au contraire les actions doivent être menées pas à pas, en appréciant chacun d’eux et en définissant le prochain au fur et mesure. Les ajustements sont permanents. Si l’on ne voit que le haut de la montagne, elle nous parait forcément très haute et très lointaine. La tâche est démesurée?
Il est nécessaire de distinguer être parfait et s’améliorer sans cesse, passer d’une logique de perfectionnisme a une logique de perfectionnement permanent.

« Si je réalise mes objectifs, je ferai ensuite face au vide, il n’y aura plus rien »
Au contraire, atteindre ses objectifs permet de rentrer dans un cercle vertueux qui donne confiance et envie d’aller plus loin dans son développement.

« Pour être libre, je refuse les contraintes »
Est-ce que la liberté se définit par l’absence de contraintes ? Est-ce qu’il est possible de supprimer toutes les contraintes ? Ou bien, puis-je repenser la liberté avec la contrainte ? Car au final, si je la diffère et qu’elle reste présente, je me mets en prison.

Au final, la décision d’arrêter de procrastiner son arrêt de la procrastination peut demander une remise en question profonde et de la persévérance. C’est souvent un comportement ancré et ancien, une mauvaise habitude confortable.

Si vous allez lu cet article jusqu’au bout, en procrastinant votre travail important à finir, c’est peut-être le moment de prendre rendez-vous sans attendre


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