Entretenez votre narcissisme

Le narcissisme n’a pas toujours bonne presse, il suscite l’ambivalence. Défaut ou qualité, sain ou malsain ?

La réponse est entre les deux. Une dose suffisante de narcissisme est nécessaire à une bonne santé mentale. Et tout au long de notre vie, nous avons besoin de l’alimenter pour continuer de nous développer.

Dans l’enfance, nous passons par une phase de toute puissance, de grandiosité. Puis très vite nous sommes confrontés à la réalité. Nous ne sommes pas si exceptionnels que ça. Non seulement, les parents nous mettent des limites, mais en plus nous sommes nous-mêmes limités dans nos capacités. Nous découvrons la frustration et l’imperfection.

Si l’intégration de ces limitations se fait progressivement avec des parents bienveillants, alors l’amour de soi se construit en acceptant son imperfection et celle des autres.
Par contre, si nous avons des parents inattentionnées, exigeants, dévalorisants, insatisfaits, alors se crée une faille narcissique. Adultes, nous sommes en quête de réparation permanente et dépendons du regard de l’autre pour nous donner notre propre valeur.

Cette faille peut s’exprimer de deux façons différentes :
– certains auront une image de soi oscillant de « je suis nul » à « je suis exceptionnel »
– d’autres ne percevront que leur partie exceptionnelle ou leur partie faillible.
Dans les deux cas cela traduit une fragilité narcissique. L’imperfection n’est pas assimilée. La personne reste dans du tout ou rien.

S’aimer suffisamment est nécessaire pour oser, aller de l’avant et ne pas craindre l’effondrement face à l’échec, l’erreur, la critique et la honte qui les accompagne.
Même si notre narcissisme est suffisamment présent, tout au long de notre vie, nous avons besoin de le nourrir. Nous recherchons des personnes qui nous guident, nous donnent un reflet positif de nous-même, nous encouragent.

Nous devons accepter notre besoin d’être narcissisé sans pour autant en faire une finalité, qui serait alors la principale motivation à notre action. Dans ce cas nos élans et notre estime de nous resteraient dépendantes de la récompense, c’est-à-dire la reconnaissance, qui ne sera pas toujours présente.
La finalité pourrait davantage être la réalisation de soi à travers la prise de risque, la nouveauté.
Je terminerai par une citation de G. Delisles : « Je suis un homme de valeur, imparfait, faillible et limité. »


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